LES GRANDS SENSIBLES
ou l’éducation des barbares
Quand nous parlons de monuments de la littérature, que cherchons-nous à recréer, leur flamme vive ou leurs cendres froides ?
Après sa réécriture du Roi Lear de Shakespeare, Elsa Granat poursuit sa recherche d’un théâtre qui se réapproprie les grandes fictions de notre héritage littéraire et l’autrice et metteuse en scène s’empare cette fois de Roméo et Juliette avec douze interprètes, accompagnés d’enfants et de seniors amateurs.
Dans cette histoire d’amour, la fin tragique est due à l’aveuglement de parents accrochés à leurs principes et à leur haine ancestrale. Mais cette fois, les enfants ne se laisseront pas faire.
Dans Les Grands Sensibles, les adolescents prennent leurs parents pour ce qu’ils sont, des enfants de maternelle travestis en dirigeants du monde, dont la folie conduit l’humanité vers la catastrophe et leurs propres enfants vers la mort. Et si ces derniers rejetaient le destin qu’on leur impose et obligeaient les parents à changer d’angle de vue ? Et s’ils rééduquaient leurs aînés ?
La création Les Grands Sensibles ou l’éducation des barbares, réunit onze acteurs toutes générations confondues, un chanteur, cinq personnes âgées amatrices et une chorale d’enfants (entre 10 et 20 enfants). Je voulais explorer l’âpreté et l’ambivalence des relations parents-enfants. Shakespeare s’est assez vité imposé, me souvenant de scènes d’une violence incroyable entre Juliette et son père ou Hamlet et sa mère.
Je voulais raconter ce risque “d’espèce” qui conduit à prendre grand soin des tout petits naissants et à brutaliser, mépriser les adolescents qu’ils deviennent quand leur conceptions du monde heurte celles des parents. Faire travailler en regard une certaine forme de conservatisme nécessaire pour que l’espèce perdure et la nécessité de changement, car comme le dit Gibran, seuls les enfants savent ce qui sera bon pour eux, et le monde qui vient, car “leurs âmes sont pour demain”, quand les nôtres sont pour hier.
Je voulais donc placer au centre de cette œuvre le risque pour toute une génération de parents de causer la mort-même de leurs enfants s’ils ne parviennent pas à modifier leurs croyances. Leur aveuglement conduit inexorablement à la mort des enfants. Seulement les enfants d’aujourd’hui ne se laisseront pas faire et obligeront les parents à changer d’angle de vue, à se faire et obligeront les parents à changer d’angle de vue, à se déplacer avec pour seul but, une ambition d’importance: continuer à vivre. Ils n’y arriveront sûrement pas.
On ne peut pas tout à coup décider que Roméo et Juliette ne meurent pas. J’ai essayé plusieurs fois en répétition, d’organiser la rébellion pour que les jeunes sauvent leur vie, mais je n’y suis pas arrivée. J’en conclus que nous avons encore besoin de voir les conséquences de nos actes, ainsi les enfants lutteront puis mourront. Mais là où je peux agir, c’est sur les parents endeuillés, ils ne vont plus se contenter d’ériger en or des monuments aux enfants morts, la douleur de la perte va les mettre en mouvement, ils vont amorcer un changement fondamental, assouplir leurs corps et leurs esprits.
Presse
« Elsa Granat revisite au temps présent le hit de Shakespeare. Magistral.»
Transfuge Magazine – Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
« Sa vitalité théâtrale explosive, les libertés qu’elle s’autorise avec le répertoire, son envie de “bordéliser”” la scène sont les atoûts majeurs d’Elsa Granat. Quel talent se dit-on souvent.«
Le Monde – Joëlle Gayot
« Ce théâtre de colère et de propositions, résultat d’un travail intellectuel, dramaturgique et politique intelligent et fourni, est salvateur et fécond. »
La Terrasse – Catherine Robert
« Elsa Granat creuse les entrailles des textes coulés dans le marbre des cathédrales intouchables pour leur faire suer ce qui aujourd’hui résonne, traquer les enjeux fictionnels dans lesquels, à notre époque encore, nous sommes embourbés. »
Marie Plantin, ScèneWeb
Distribution
à partir de Roméo et Juliette de Shakespeare
Écriture et Mise en scène Elsa Granat
Avec Laurent Huon, Bernadette Lesaché, Lucas Bonnifait, Clara Guipont, Antony Cochin, Hélène Rencurel, Elsa Granat, Victor-hugo Dos santos Pereira, Niels Herzhaft, Juliette Launay, Mahaut Leconte, Edo Sellier
Collaboration à la dramaturgie Laure Grisinger
Scénographie Suzanne Barbaud
Création sonore John. M. Warts
Création lumières Lila Meynard
Création costumes Marion Moinet
Photos ©Christophe Raynaud de Lage
Production Cie Tout un ciel
Coproduction Théâtre de l’Union - CDN du Limousin , Le Grand Parquet / Théâtre Paris Villette, Théâtre Gérard Philipe- CDN de Saint-Denis, Théâtre Dijon Bourgogne - CDN de Dijon, NEST – CDN de Thionville et Théâtre de Cornouaille – scène nationale de Quimper.
Soutiens Théâtre des Quartier d’Ivry et du Fonds d’Insertion pour Jeunes Comédiens de l’ESAD - PSPBB
Création au Théâtre Gérard Philipe – CDN de Saint-Denis du 25 septembre au 16 octobre 2024
Théâtre Municipal de Thionville
AVEC LE NEST - CDN de Thionville - Lorraine
les 16 et 17 octobre 2024
Théâtre de l’Union – CDN du Limousin
les 7 et 8 novembre 2024
Théâtre Dijon Bourgogne
du 26 au 30 novembre 2024
Théâtre de Cornouailles
du 4 au 6 décembre 2024